Algérie : La peine de cinq ans d’emprisonnement d’un chrétien pour blasphème confirmée par le tribunal

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En Algérie, un chrétien reconnu coupable d’avoir republié une caricature du prophète sur les réseaux sociaux il y a trois ans a été condamné à cinq ans de prison.

Lundi 22 mars, un juge d’Oran a confirmé une peine de cinq ans de prison pour Hamid (dont le nom de famille n’est pas divulgué pour des raisons de sécurité), un chrétien reconnu coupable d’avoir republié une caricature du prophète sur Facebook en 2018.

Pour Farid Khemisti, l’avocat d’Hamid, son client a été jugé durement à cause de sa foi chrétienne. Outre la peine d’emprisonnement, cet éleveur de volaille et père de quatre enfants est condamné à payer une amende de 100 000 dinars (à peu près 630 euros) par la Cour de justice d’Oran.

L’avocat s’est confié à Morning Star News sur cette sentence qui n’est pas « juste ».

« J’espérais vraiment une réduction de la peine - je m’attendais au pire à six mois de prison. C’est le maximum qu’aurait donné un jugement juste, mais je ne pense pas que le fait que mon client soit chrétien ait rendu les choses plus faciles. »

D’autant que Hamid n’est pas l’auteur du dessin animé blasphématoire, ni à l’origine de la publication sur Facebook qu’il s’est contenté de republier.

« J’ai plaidé pour sa libération, car il est clair que mon client ne mérite pas une sanction aussi lourde - il n’est pas la source de ce message. L’auteur de la publication en question est à l’étranger. Les services de sécurité chargés de l’enquête n’ont rien trouvé d’autre dans le compte Facebook de mon client que ce dessin animé. »

Farid Khemisti rapporte que lorsqu’il a demandé au juge quelle serait la peine de l’auteur de cette caricature,  il lui a affirmé que ce serait la même, se référant à l’article 144 du code pénal algérien qui stipule que « cinq est la peine maximale pour avoir insulté le prophète ».

L’article 144 a été condamné à plusieurs reprises par des organisations de défense des droits de l’homme dont Amnesty International qui dans un rapport publié en juillet 2018 demandait déjà l’abrogation de cette loi ainsi que la protection du droit « des personnes ayant des convictions religieuses différentes à manifester cette conviction par un culte collectif, à construire des lieux de culte et à collecter des contributions financières volontaires ». Une demande exprimée en vertu de l’article 18 de la Déclaration universelle qui stipule que chacun a le droit de « manifester » sa religion ou sa conviction.

La situation des minorités religieuses et notamment des chrétiens est particulièrement difficile en Algérie où l’islam est la religion d’État et qui se classe 24ème sur la liste de l’ONG Portes Ouvertes des pays où il est le plus difficile d’être chrétien.

Le parlement européen s’est exprimé à plusieurs reprises sur la situation des chrétiens dans ce pays, en novembre 2019 et en décembre 2020 pour appeler l’Algérie à réouvrir les églises fermées et d’arrêter de violer la liberté de culte.

Le 15 mars dernier lors du Conseil des droits de l’Homme c’est l’Alliance évangélique mondiale qui a exprimé de vives préoccupations quant à la situation de l’Algérie où les églises protestantes sont actuellement fermées. Depuis mi-février, malgré la crise sanitaire, les lieux de cultes musulmans ont pu ouvrir à nouveau tandis que les chrétiens sont exclus de cette décision.

Camille Westphal Perrier


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